Pampers prépare les couches de demain

Voici un article très intéressant tiré du journal belge Le Soir au sujet de Pampers et de ses laboratoires. On y apprend par exemple que Pampers paie des parents pour récupérer des couches usagées, que la dernière phase du test d'une nouvelle couche se fait sur un adulte, et surtout que leur prochaine couche-culotte devrait pouvoir absorber les selles !

'En 1961, Procter & Gamble commercialise le premier Pampers. Aujourd'hui, les chercheurs du groupe envisagent des langes qui absorberont les selles.

Tignasse de blés, dix-huit mois, autant de dents, Eleni gambade. Maman suit. La demoiselle grimpe (à contrecœur) sur la table à langer. Déshabillage, larmes de protestation, nettoyage des fesses, cris de désespoir, changement du lange, rhabillage. Menées par les mains maternelles, les opérations n'ont duré que quelques minutes. La mesure des degrés d'humidité et d'acidité de la peau n'a, quant à elle, pris qu'une poignée de secondes. Eleni n'aura perçu que l'effleurement furtif d'un capteur dans cette chambre aux allures de pouponnière où règne en permanence, constance des paramètres oblige, une température de 21 degrés ainsi qu'un taux d'humidité de 45%.

Tandis qu'Eleni s'en retourne rafraîchie, déjà l'écran affiche les résultats : les chiffres défilent sous l'œil attentif de l'un (l'une en l'occurrence) des 150 chercheurs qu'héberge la bâtisse, soit le centre de recherche et de développement de Pampers Schwalbach, village perdu sur les hauteurs de Francfort, accueille le principal laboratoire mondial de Procter & Gamble dédié aux langes. Pampers est, en la matière, la marque phare du géant américain.

Cent cinquante spécialistes en quête de la panacée fessière, à savoir un lange biodégradable, fin comme un slip, inodore, toujours sec, aisé à enfiler, et surtout qui absorbe tout. Quelque 1.800 bébés les y aident annuellement Nous fonctionnons avec un panel de bébés : nous fournissons des langes aux parents et des questionnaires, explique Frank Wiesemann, chercheur en chef du département. Près de 4 millions de couches sont ainsi distribuées par an. Il s'agit de modèles existant de Pampers, de langes venant de la concurrence ou encore de prototypes que nous testons. Les parents ignorent le contenu du paquet qu'ils reçoivent. L'objectif est de tester nos produits actuels et futurs - les prototypes ont d'abord subi une batterie de tests dermatologiques, dont les derniers sont effectuées sur des adultes - et de rester attentif à ce que fait la concurrence. La seule manière devoir si un lange est bon, c'est de le mettre à un bébé, précise-t-il. Et, dans le hall du bâtiment, les mères et les pères se succèdent pour prendre formulaire et paquet de langes. Certains glissent même des couches usagées dans une poubelle réfrigérée - ces dernières seront disséquées et analysées.

Un défilé qui ne gêne pas la dizaine de bébés qui s'amusent dans la pièce contiguë : à l'instar d'Eleni, des bambins viennent passer une matinée ou une journée dans le centre. Leur boulot ? S'amuser et laisser faire la nature. Seule contrainte, le changement du lange dans un laboratoire. Un port du lange et des selles que Pampers rémunère : Les bébés qui passent du temps ici (toujours accompagnés d'un proche) reçoivent entre 15 et 50 euros par jour en fonction des tests effectués, confie Frank Wiesemann.

Représentant 59 % du marché belge sur lequel 400 millions de langes sont écoulés annuellement - le solde se répartissant entre Huggies (9,5 %), les marques de distributeurs (26 %) et les 'autres marques' (5,5 %) -, Pampers investit 4 centimes par lange (un lange est vendu une trentaine de centimes en Belgique) dans la recherche et le développement. Le lange est un produit de haute technologie, justifie Frank Wiesemann. Les laboratoires en témoignent.

Dans cette partie du bâtiment, un sésame électronique s'impose. Les chercheurs s'appuient sur quarante ans d'innovation. Nous n'avons été battus qu'une fois, avoue l'un d'eux, lors de l'invention des fermetures adhésives par un de nos concurrents (Huggies, NDLR). Depuis son invention en 1961 par Vic Mills, un grand-père, employé chez P&G, soucieux du confort de sa petite-fille, le Pampers (en anglais 'to pamper' signifie dorloter), premier lange jetable largement commercialisé, n'a cessé d'évoluer : en 1987, l'épaisseur est réduite de moitié et l'absorption dopée - la couche supporte vingt fois son poids en 'matières organiques' ; 1994 voit le volume encore se réduire d'un tiers et 1998 les capacités d'absorption croître de 30%. Aujourd'hui, le Pampers se compose d'un 'châssis' qui retient le liquide mais laisse passer l'air, d'une couche formée de coton et de synthétique (technique protégée par un brevet) qui permet une bonne répartition des liquides, une absorption et un séchage rapides, et enfin, du 'superabsorber', matière chimique - la formule, développée par Pampers, est également protégée - dont 20g suffisent à emprisonner de 600 à 800g d'urine. Nous travaillons sur les mauvaises odeurs, sur une formule qui permettra de faire coller les excréments au lange, explique un chercheur. Commercialisation prévue ? Dans les deux ou trois ans. Quant à la couche du futur : Elle absorbera entièrement les selles. Et, l'alchimie du vide fécal serait, aujourd'hui, à Schwalbach, de l'ordre du possible.'