Visite au coeur des couches
Une merveille technologique entre les jambes qui fonctionne sans piles
Une couche-culotte est devenu un objet très banal aujourd'hui, on en trouve partout, elle ne coûte pas grand-chose, elle s'utilise rapidement et se jette le jour même. Pour accomplir son rôle pourtant assez basique de retenir la petite ou la grosse commission, une couche nécessite pourtant plusieurs technologies qui ont été assemblées au fil des années. Après l'historique des couches durant les dernières décennies, intéressons-nous un peu à ce qu'il y a dedans et ça fait du monde !
Commençons par l'extérieur avec le film de polyéthylène, son rôle est essentiel puisque c'est lui qui empêche le liquide de sortir de la couche et qui la rend imperméable. Certaines couches « bio » utilisent aujourd'hui du plastique d'origine végétale en remplacement, mais ça reste marginal. Sur la plupart des couches pour enfants, on ajoute par-dessus une feuille de polypropylène, souvent nommée non-tissé ou intissé, pour avoir un « toucher coton » plus agréable au contact de la peau. Ce non-tissé extérieur limite la transpiration de la peau au contact du plastique extérieur et les frottements irritants. Il faut savoir qu'il n'y a cependant jamais de coton dedans, il s'agit toujours de plastique. Certaines couches utilisent un film dit « respirant », qui est censé limiter l'humidité à l'intérieur de la couche, mais il faut savoir que même avec ce film l'évaporation n'est que de 2,5 % sur 24h. C'est peu mais suffisant pour refroidir l'intérieur de la couche. Cela peut la rendre moins chaude à porter la journée et donc plus agréable, mais aussi plus froide la nuit et donc plus inconfortable.
Juste au-dessus on trouve un tissu de papier spécial avec une bonne élasticité et une résistance à l'humidité. Les couches étant très fortement compressées à la fabrication afin de prendre moins de place dans les paquets et accessoirement entre les jambes, son rôle est de protéger le plastique extérieur contre la perforation des crystaux de gel superabsorbant contenu dans le matelas absorbant. Mais même avec cette précaution, il n'est pas inhabituel de voir perler de petites gouttes à l'extérieur des couches. Elles sont évidemment moins visibles quand la couche est recouverte d'une feuille de non-tissé.
Pour empêcher les fuites à l'entrejambe, on utilise un tissu non-tissé hydrophobe. C'est lui qui compose la petite barrière verticale qui est chargée d'empêcher le liquide de sortir sur les cotés, le temps que le matelas absorbant fasse son travail ou lorsque la couche commence à être saturée.
Au contact de la peau, on trouve un tissu non-tissé hydrophile. C'est lui qui laisse passer le liquide qui doit atteindre le matelas absorbant. On utilise souvent un tissu hydrophile fabriqué de telle manière qu'il laisse passer le liquide dans un sens et beaucoup moins dans l'autre. Il existe plusieurs types de ces tissus hydrophiles, l'un est doux mais moins résistant, l'autre est plus solide mais moins confortable. Cela explique que l'intérieur des couches très douces a plus facilement tendance à se déchirer.
Pour bien répartir le liquide sur toute la surface de la couche, on ajoute entre cette feuille et le matelas absorbant, une feuille en non-tissé d'acquisition et de distribution, aussi nommée ADL. Elle couvre parfois tout l'intérieur de la couche, mais le plus souvent seulement la zone où l'urine va arriver. C'est cette feuille qui permet d'avoir un effet « fesses au sec » quand la couche est mouillée et qui protège la peau de l'humidité. Elle permet aussi au liquide d'être diffusé rapidement dans le matelas absorbant et donc de limiter les fuites. Certaines couches utilisent aussi en plus une feuille de plastique à ouvertures fines qui canalise le liquide et l'empêche de remonter à la surface.
Regardons maintenant de plus près le coeur de la couche, c'est à dire le matelas absorbant sans qui tout le reste ne servirait à rien. Il est d'abord constitué de pâte de cellulose, qui provient le plus souvent du bois de pin. La cellulose a une bonne absorption, mais elle ne parvient pas à retenir le liquide sous la pression, ce qui est plutôt embêtant pour une couche. Certaines couches utilisent en remplacement une fibre synthétique, mais elle reste pour l'instant moins efficace.
On ajoute donc à la cellulose un matériau superabsorbant qui va retenir le liquide, c'est le fameux sodium polyacrylate, aussi nommé SAP, qui se présente sous la forme de petits grains de sable translucides. C'est lui qui permet le maintien du matelas absorbant de la couche et détermine sa capacité d'absorption, qui peut alors devenir très impressionnante. Quand le SAP entre en contact avec l'eau, son sodium se détache, l'eau est alors attirée et retenue car l'hydrogène qu'elle contient est piégé. Le poid moléculaire élevé du SAP fait qu'il se transforme en gel au lieu de se dissoudre. Il pourrait être parfait s'il n'avait pas une faille un peu gênante. Il a tendance à absorber beaucoup moins quand l'eau est salée, et l'urine contient 0,9 % de sels minéraux qui viennent réduire son efficacité. L'absorption d'une couche est donc toujours bien meilleure avec de l'eau claire qu'avec de l'urine. Plus l'urine sera chargée en sels minéraux, plus l'absorption du SAP fonctionnera mal. Ceci explique qu'en portant le même modèle de couche, on a parfois l'impression qu'elle a absorbé moins ou plus d'urine que la fois précédente et qu'elle a plus ou moins gonflé.
Pour faire tenir tout cela ensemble, on utilise des colles spéciales posées à chaud qui deviennent solides en refroidissant, dites thermofusibles. Un adhésif de construction est destiné à tenir ensemble le plastique extérieur et la feuille de non-tissé qui le recouvre. Un autre adhésif est utilisé pour maintenir le matelas absorbant au fond de la couche pour qu'il ne s'effondre pas vers le bas quand elle est mouillée. Un troisième adhésif élastomère plus résistant mais plus coûteux est utilisé pour maintenir les élastiques à l'entrejambe et à la taille de la couche.
Ces élastiques permettent d'améliorer efficacement l'ajustement de la couche et donc son étanchéité. On les utilise aujourd'hui un peu partout, sur les bords, à la taille, à l'entrejambe et aussi dans les autocollants extensibles. Ils sont constitués au choix de polyuréthane, de mousse de polyester, de caoutchouc synthétique ou encore de Lycra/Spandex, ce dernier pouvant s'étendre à 400 % de sa taille initiale sans se rompre.
Arrivent enfin les autocollants qui permettent de fermer la couche. Sur les couches avec un extérieur en non-tissé, on utilise des bandes velcros extensibles ou non, qui sont défaisables à volonté et se fixent sur une bande de non-tissé spéciale, nommée boucle brossée ou boucle à verrouillage. Sur les couches avec un extérieur en plastique lisse, on utilise des autocollants classiques en polypropylène. Par ordre de prix, il y a la version simple qui ne peut pas se défaire sans déchirer le plastique de la couche. Il y a ensuite les autocollants doubles superposés l'un sur l'autre, aussi nommés « bande de cible », qui permettent d'ouvrir la couche et de la refermer mais à l'identique. Arrivent enfin les autocollants repositionnables à volonté et qui se fixent sur une bande de feuille de polypropylène spéciale collée sur le plastique extérieur. On devrait d'ailleurs voir arriver bientôt des couches dont la totalité de la feuille extérieure permettra de repositionner les autocollants et pas seulement devant.
Vous savez désormais tout de cet assemblage complexe qu'est une couche-culotte, enfin presque puisque l'assemblage seul mériterait lui aussi un article détaillé. On peut toutefois être sûr que d'ici quelques dizaines d'années, les couches auront encore été largement améliorées et que les actuelles, aussi efficaces soient-elles, seront totalement démodées !
Commentaires
Beau morceau de bravoure !
Mais les couches actuelles ont encore à être largement améliorées, au niveau de l'étanchéité latérale notamment du fait de l'insuffisance d'absorbant à ce niveau, et également au niveau des multiadhésifs de fermeture, donnant à l'ensemble une coupe de "sac-poubelle", alors que deux simples adhésifs larges, façon "bébé" seraient bien plus pratiques et faciles à ajuster...
Les couches actuelles ne seraient pas faciles à démoder à condition de le vouloir.
Mais le veut t'on vraiment ?
il y a 9 ans
Beau morceau de bravoure !
Mais les couches actuelles ont encore à être largement améliorées, au niveau de l'étanchéité latérale notamment du fait de l'insuffisance d'absorbant à ce niveau, et également au niveau des multiadhésifs de fermeture, donnant à l'ensemble une coupe de "sac-poubelle", alors que deux simples adhésifs larges, façon "bébé" seraient bien plus pratiques et faciles à ajuster...
Les couches actuelles ne seraient pas faciles à démoder à condition de le vouloir.
Mais le veut t'on vraiment ?
il y a 9 ans
Merci pour l'article ! Le fameux matériau super-absorbant dont il est question, en vidéo pour bien se rendre compte : https://www.youtube.com/watch?v=v021SDFOazQ
il y a 9 ans
Merci pour cette belle histoire...
il y a 9 ans
Un concentre de technologie qui a donc un
Prix
Prix
il y a 9 ans
il y a 9 ans
PASSIONNANTE cette "leçon de couches" mais rien sur le plaisir de les porter à vie et de n'être jamais vraiment secs !
BONNE ANNEE A TOUS, les amis !
BONNE ANNEE A TOUS, les amis !
il y a 9 ans
Great article :)
il y a 9 ans
Vraiment intéressant!
Merci pour cet article .
Merci pour cet article .
il y a 9 ans
Très intéressant :)
il y a 9 ans
très interessant merci ^^
il y a 9 ans
merci tres interessant
il y a 9 ans
Très intéressant, le sujet est bien traité, et, avec beaucoup de précisions.
Merci beaucoup
Merci beaucoup
il y a 9 ans
Je bosse dans une usine ou ont fabrique le SAP (super absorbant) intéressant
il y a 9 ans
Merci pour ces informations techniques sur la composition des couches, très intéressant.
bonne journée.
@JV
bonne journée.
@JV
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SoTiger